© Julie Chetaille | guadeloupe mars 2015 | "Au bout de quelques secondes, elle se retourne vers les habitants de la maison Kénol, les embrasse tous du regard et dit : - Je le dis : il est temps de fermer le monde. Suffit les morts. Vous voulez les garder près de vous parce que vous avez peur du deuil. Mais les morts ne peuvent rester ici simplement pour éviter aux vivants de pleurer. Ils vont attendre. Errer. Devenir fous. Je le dis, moi qui ne parle jamais, il n'y a pas de vie sans désir et les morts n'en ont plus. Ni projet, ni impatience. Ils seront là comme des arbres morts ! Que ceux qui veulent les retrouver cessent de vivre ! Pour les autres, il est temps de les raccompagner. Que Prophète Coicou prenne la tête de la marche avec moi. Nous allons danser les ombres. Et le monde se refermera." Danser les ombre - Laurent Gaudé
 
"Au bout de quelques secondes, elle se retourne vers les habitants de la maison Kénol, les embrasse tous du regard et dit :
- Je le dis : il est temps de fermer le monde. Suffit les morts. Vous voulez les garder près de vous parce que vous avez peur du deuil. Mais les morts ne peuvent rester ici simplement pour éviter aux vivants de pleurer. Ils vont attendre. Errer. Devenir fous. Je le dis, moi qui ne parle jamais, il n'y a pas de vie sans désir et les morts n'en ont plus. Ni projet, ni impatience. Ils seront là comme des arbres morts ! Que ceux qui veulent les retrouver cessent de vivre ! Pour les autres, il est temps de les raccompagner. Que Prophète Coicou prenne la tête de la marche avec moi. Nous allons danser les ombres. Et le monde se refermera."
Danser les ombre - Laurent Gaudé